Archives de catégorie : Zone Linguistique

Une zone linguistique est une zone géographique au sein de laquelle un même dialecte, une même langue, ou encore une même famille de langues est parlé. Les zones linguistiques ne suivent pas nécessairement les frontières des pays. Par exemple, la moitié de l’Amérique du Sud fait partie de la zone hispanophone tandis que la Suisse à elle seule représente quatre zones linguistiques différentes. Les zones linguistiques peuvent également être séparés par les océans comme c’est le cas de la zone anglophone (anglosphère) qui est étendue à travers le monde entier et qui compte notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Irlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que bon nombre d’anciennes colonies britanniques ayant pour langue officielle l’anglais en plus de(s) langue(s) régionale(s). C’est notamment le cas de l’Inde et l’Afrique du Sud. La zone francophone s’étend elle aussi sur plusieurs continents et est souvent désigné par le mot francophonie qui est aussi le nom d’une organisation internationale regroupant tous les pays du monde dont le français est la/l’une des langue(s) officielle(s). À l’extrême, l’Espérantie regroupe plus de 120 pays du monde où se trouvent des locuteurs de l’espéranto (qui n’a jamais réellement imprimé dans la vie réelle).

JLK, homme de lettres et homme d’action !

J’ai entendu le nom de JLK pour la première fois il y a quelques dizaines d’années, affublé d’une formule étrange à mes oreilles : « Gau un griis ».

Armand Bemer Portrait

Armand Bemer

Derrière ce titre mystérieux se cachait alors le nom d’une association, toujours active de nos jours, et de son président omni-présent. Ce titre insolite mélange les terres d’argile et de grés qui collent aux chaussures des gens du pays de Nied, depuis des temps immémoriaux, qui marient notre histoire et notre géographie en entrelacs de traditions, de langues et de poésie. Des mariages savants qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.

Jean-Louis Kieffer à Boulay Bouquin

Jean-Louis Kieffer à Boulay Bouquin

Et puis un jour j’ai rencontré JLK. Un linguiste, un archéologue, un savant ! Un homme de lettres et un homme d’action. Homme de lettres, françaises et germaniques. Et… homme de l’être. Qui vous explique, avec calme et pédagogie, d’où vient le Hochdeutsch, en passant par Luther et la Bible. Qui déclame de la poésie, sa propre poésie, avec tempérament et conviction.

Et aussi homme d’action. Constatant que sa langue maternelle (qui est aussi celle de toute une région) va disparaître, Jean-Louis se pose LA question fondamentale : qu’y faire ? Et Kieffer cherche des solutions et en trouve : la parler, la pratiquer sous ses formes diverses, et la défendre. Par tous les moyens. Sensibilisation locale, écriture poétique et théâtrale, élaboration d’ouvrages didactiques et pédagogiques. Force de conviction, pour fédérer autour de lui. Ouvrages, enseignement, publications, salons du livre.

En bref, le JLK ne garde pas sa langue dans sa poche. Il la sort, il l’ouvre, il s’en sert. Et nous invite à en faire autant, sans honte, avec conviction. Dire ce que nous avons « off der Zong » !

A l’heure de conclure, on peut se demander : comment fait-il pour tenir un tel rythme ? En guise de réponse, cette anecdote. J’étais en retraite depuis un an environ, emporté par le tourbillon de divers engagements, et j’avais fait part à Jean-Louis de cet emballement imprévu : « Sais-tu la meilleure, Jean-Louis, je viens de mettre en place un agenda pour essayer d’y voir clair et pouvoir mieux gérer mon temps de retraité. Je ne m’en sors plus, faut que je m’organise… » Et il m’avait répondu de cette docte formule : « T’inquiète pas ! Ce sera toujours comme ça ! »
Alors, un simple vœu pour clore ce billet, dans mon lëtzebuerger Platt : « Villmools merci, Jean-Louis, an hal dech monter ! »

Armand Bemer, 23 mai 2023 (à la veille de l’anniversaire de JLK)

D’Schaukelpferd : Du Lied à la Nied !!!

La légende de Jean-Louis Kieffer…

(petit parcours jalonné de rencontres des Schaukelperd avec leur ami Jean Louis).

Nous avons vécu notre enfance dans un territoire particulier à l’exact endroit où la frontière sépare les communes de Freyming et celle de Hombourg-Haut.

Ce ban communal était notre espace privilégié au cœur du Bassin minier de Lorraine. Notre terrain de jeu du « Supererwald » ou coulait la « Supbach » dont nous chassions les têtards et les tritons, était situé à Hombourg-Haut, tout comme notre école de la « Riviera » et nous traversions à pied été comme hiver cette frontière invisible.

Carrière barrais freyming merlebach

Ce chemin de l’école était bordé de petits métiers, de « Lumpekrämer », de ferblantiers, de bohémiens, qui posaient leurs roulottes le long de la forêt. L’ombre de la Burg de Hombourg-Haut avait progressivement repoussé ces petits métiers tout au long de ses fortifications.

Nous passions joyeusement nos journées en entendant parler de Mélusine sans saisir toujours dans les neiges de notre enfance, la profondeur de ces légendes.

C’est Jean Louis, par son travail exceptionnel de recherche sur les contes franciques qui nous a rappelé 20 ans plus tard que Mélusine était notre territoire commun.

Quasiment 15 ans plus tard au milieu des années 80, nous jouions nos premiers accords musicaux avec le groupe Schaukelperd au Foyer de la cité chapelle de Freyming-Merlebach, lors d’une fête d’été. Là, un jeune prof de français nous écoutait avec attention et s’enthousiasmait d’entendre ces mélodies et ces mots en Platt que nous essayions de sauver. Ce prof était Jean Louis Kieffer.

Le groupe schaukelpferd avec entre autres Hervé et Didier Atamaniuk

Dès lors, combien de beau moments, simples comme « em Opa sei Schinken », profonds comme « Le Knop », ont su nous réunir dans des soirées où le violon de Didier, la vielle de Hervé et la poésie de Jean Louis portent toujours haut le francique, notre Platt millénaire.

Et c’est toute la beauté de la légende que nous écrivons au quotidien, d’une culture vivante, dissidente, transfrontalière. L’écriture et l’engagement de Jean Louis Kieffer lui doit beaucoup.

Saamol Jean-Louis, Le 12 mai 2023

Hervé et Didier Atamaniuk du groupe SCHAUKELPERD

Le voici donc ce carnet digital tant attendu de toutes et de tous !

Depuis le temps que l’on en parlait ! Bien que je suis un homme de l’écrit et des lettres, au commencement de ce nouveau blog, je crois qu’il me faut vous faire cet aveux, que je ne suis pas encore à la page du digital et qu’il aura ici besoin de tous vos commentaires et encouragements pour que ce Blog puisse vivre!

Je suis né à Filstroff en 1948, dans la Lorraine-nord francicophone; « Boche de l’Est », devenu professeur de français, archéologue amateur et président-fondateur de l’association Gau un Griis, instigateur de l’option Langue et Culture Régionale au Baccalauréat, j’éprouve un sentiment de blocage face à l’Internet et les nouvelles technologies, même si j’ai parfaitement conscience qu’elles sont devenues aujourd’hui (en 2023), et particulièrement, pour les jeunes générations, l’incontournable support de l’écrit, de l’oral en vidéo et de la transmission…

Jean-Louis-Kieffer prononce le bilan moral de Gau un Griis en 2012

C’est aussi dès lors par ce blog qui s’ouvre à vous aujourd’hui que je veux me réconcilier avec ce monde nouveau qui change tout le temps et, …qui finira par dominer le papier et transformer les livres que nous accumulions depuis Gutenberg ! Ainsi va le monde, Il s’écrit de page en page et se lit aujourd’hui du « Bout des doigts ».

Saamol ! Dis moi! Dis moi voir ! (Avec étonnement) ! C’est avec cette expression en platt (francique), notre langue régionale, que débute ce blog. Il est la place d’expression de mes humeurs, de mes colères, de mes souvenirs dans mon village ou d’ailleurs, de mes voyages et même parfois, de mes incompréhensions aussi, de mes peurs, certainement, car comme tout à chacun, je suis emporté trop vite dans le tourbillon d’un monde où mes repères culturels qui nous fondaient, ne sont plus toujours compris aujourd’hui par mes petits-enfants…. Saamol ! Dis moi voir, Papy ! C’est pour eux aussi que je veux laisser ses traces dans ce monde numérique qui me laisse encore perplexe !

JLK à saarbrucken um Tiefel

La transmission c’est justement le sens de mon métier de professeur que j’ai choisi. J’enseignais alors le français alors que je ne parlais pas encore cette langue le jour de ma première rentrée scolaire au cours préparatoire.

La transmission aussi des valeurs de ma terre natale, des anciens, une culture rurale, à Filstroff, de ma langue maternelle séculaire, bref de toutes ces valeurs qui me fondent…. Cette transmission aujourd’hui, je le sait, passe par le numérique et exige de nous de sortir encore une fois de notre zone de confort. Mais cela, ces transitions, le long des frontières plus qu’ailleurs nous les connaissons que trop bien !

Alors voila, ici commence mon blog pour les miens, pour mes amis, pour ceux qui recherchent encore, à l’heure d’Internet, je l’espère, une parole originale, qui ne se leurre pas en faux-espoirs mais qui, encore et toujours, restera singulière et authentique ! Allez A BA DA JE !!!