Archives de l’auteur : Hervé Atamaniuk

À propos Hervé Atamaniuk

Sa silhouette longiligne s’estompe délicatement dans l’ombre apaisante des coulisses de la scène de l’Hôtel de Ville de Sarreguemines. Un faisceau de lumière tamisée, échappée d’une loge à la porte entrebâillée, souligne furtivement l’intimité de cette scène improvisée. a voix posée, laisse échapper l’accent subtil d’une culture partagée entre le bassin houiller et la Sarre. Fils et petit-fils d’émigré ukrainien, Hervé Atamaniuk ne peut se départir de cette profonde affection qu’il porte au pays du charbon terre d’accueil d’une famille en quête de meilleure fortune. « Il m’arrive encore aujourd’hui, quand je ferme les yeux, de percevoir les sons marquants qui ont rythmé mon enfance à Freyming Merlebach, à deux pas du puits Vouters. Une sensation étrange ancrée au plus profond de mon inconscient ». Ces scories affectives extraites d’un minerai éternel, laissent échapper des effluves de tendresse et d’admiration, pour ces gueules noires légendaires qui ont forgé le début de son histoire : « mon grand père Franz, valeureux mineur ( parlant pas moins de cinq langues) fier de ses racines, n’a jamais pour autant influé sur le cours de la carrière de mon père, Gunther. Contrairement à bon nombre de familles du Bassin, chez les Atamaniuk, nous n’avons pas succombé à la fatalité du mineur de père en fils ».

D’Schaukelpferd : Du Lied à la Nied !!!

La légende de Jean-Louis Kieffer…

(petit parcours jalonné de rencontres des Schaukelperd avec leur ami Jean Louis).

Nous avons vécu notre enfance dans un territoire particulier à l’exact endroit où la frontière sépare les communes de Freyming et celle de Hombourg-Haut.

Ce ban communal était notre espace privilégié au cœur du Bassin minier de Lorraine. Notre terrain de jeu du « Supererwald » ou coulait la « Supbach » dont nous chassions les têtards et les tritons, était situé à Hombourg-Haut, tout comme notre école de la « Riviera » et nous traversions à pied été comme hiver cette frontière invisible.

Carrière barrais freyming merlebach

Ce chemin de l’école était bordé de petits métiers, de « Lumpekrämer », de ferblantiers, de bohémiens, qui posaient leurs roulottes le long de la forêt. L’ombre de la Burg de Hombourg-Haut avait progressivement repoussé ces petits métiers tout au long de ses fortifications.

Nous passions joyeusement nos journées en entendant parler de Mélusine sans saisir toujours dans les neiges de notre enfance, la profondeur de ces légendes.

C’est Jean Louis, par son travail exceptionnel de recherche sur les contes franciques qui nous a rappelé 20 ans plus tard que Mélusine était notre territoire commun.

Quasiment 15 ans plus tard au milieu des années 80, nous jouions nos premiers accords musicaux avec le groupe Schaukelperd au Foyer de la cité chapelle de Freyming-Merlebach, lors d’une fête d’été. Là, un jeune prof de français nous écoutait avec attention et s’enthousiasmait d’entendre ces mélodies et ces mots en Platt que nous essayions de sauver. Ce prof était Jean Louis Kieffer.

Le groupe schaukelpferd avec entre autres Hervé et Didier Atamaniuk

Dès lors, combien de beau moments, simples comme « em Opa sei Schinken », profonds comme « Le Knop », ont su nous réunir dans des soirées où le violon de Didier, la vielle de Hervé et la poésie de Jean Louis portent toujours haut le francique, notre Platt millénaire.

Et c’est toute la beauté de la légende que nous écrivons au quotidien, d’une culture vivante, dissidente, transfrontalière. L’écriture et l’engagement de Jean Louis Kieffer lui doit beaucoup.

Saamol Jean-Louis, Le 12 mai 2023

Hervé et Didier Atamaniuk du groupe SCHAUKELPERD